Amélie Diack, Angéline Monceaux et Lara Lee Lou Ka. Les femmes au clavier, et ça fait du bien… 19 septembre 2018

Pourquoi ces trois auteures en battle ici et aujourd’hui ? Je dois avouer que depuis Charlie de Fanny Kim, Kuru de Katia Campagne et le Quart d’heure de Gloire de Mari Delle j’ai eu maintes fois l’occasion de me rendre compte que le niveau des auteures indépendantes tenait la dragée haute aux productions masculines.
Bon, je ne suis pas chroniqueur aussi lorsque je parle d’un collègue, je me place en tant que lecteur lambda et donc je vous invite à creuser davantage si vous souhaitez en savoir plus sur ces trois nouvelles auteures dont je vais parler ici, plus ou moins en parallèle.
Vous comprendrez que c’est une recherche de présentation ludique qui nous vaut de mesurer Sheendara à Freesia, et la magie des personnages de Lara à celle des sorciers du monde d’Amélie Diack.
En terme de qualité narrative, on peut dire que les trois auteures tournent bien leurs phrases et que chacune d’elles nous entraîne, l’air de rien, là où elles ont décidé de nous conduire.
Freesia est la promesse d’une terre d’exil pour les survivants de l’agonie de notre pauvre planète Terre, à laquelle on en a quand même fait voir des vertes et des pas mûres. L’héroïne d’Angéline Monceaux qui nous raconte l’histoire est devenue survivaliste par la force des choses et aurait probablement périclité dans un squat improvisé, faute de nourriture ou victime d’une maladie. Au lieu de cela, elle se fait capter par un militaire qui l’enrôle dans un programme spatial voué à envoyer une colonie sur une planète éloignée. Bien sûr les choses tournent mal et la navette atterrit, tant bien que mal, sur un monde inconnu, Freesia.
Pour moi, la première partie de l’histoire est la plus intéressante, tandis que la seconde ouvre tant de perspectives qu’on pourrait décliner ce livre en une petite série. Ici, la narration à la première personne tient compte de la pudeur de notre exilée et de son choix logique d’insister sur les aspects positifs de son parcours sans éluder totalement les moments difficiles de cette expédition. De la SF qui ne vous donnera pas de cauchemars mais un bon moment de lecture…

Sheendara quant à elle est une terre déjà peuplée, et par de nombreuses ethnies proches de l’univers de Tolkien. On a des nains, des humains, des centaures et des créatures tout droit sorties de l’imaginaire de Lara Lee Lou Ka. On suit ici un guerrier, du moins un homme entraîné au combat, mais amnésique – non, oubliez Jason Bourne, pour une fois – qui déboule parmi des femmes liane, la brindille à l’air. C’est aussi l’histoire d’une rousse volcanique accompagnée d’un androïde médecin. Un tas de personnages, des lieux variés, sûr qu’on se balade dans ce premier volet. Forcément, le mal gagne tout le pays et il faut trouver une échappatoire rapidement. Une narration à la troisième personne, soignée, offre de capter le ressenti des nombreux intervenants, leur histoire et de se situer dans l’engrenage complexe mais limpide de cette auteure prolifique.
A mon avis, ne perdez pas trop de temps entre deux épisodes si vous accrochez à cette série, car vous pourriez perdre quelques noms au passage et décrocher par moments. Cela dit, la lecture est agréable et la compréhension de mise, ce qui, vu l’ambitieux sens du détail de l’auteure, relève de l’exploit. Alors si vous aimez les descriptions pointues sans être lourdes, il y aura toujours un trou de ver en partance pour Sheendara…

On en arrive à ma dernière lecture estivale, Shouna. ici, point de voyage spatial ni de fantasy. On entre dans les mythes et légendes africains, à renfort de djinns, de sorciers, et un petit être au destin très particulier, partagé entre ombre et lumière, dans une lutte éternelle entre le bien et le mal. Amélie Diack nous offre une histoire trempée dans un folklore qu’elle maîtrise, et cette culture qui ressort de ce conte fantastique donne une singularité remarquable à ce récit. Amélie Diack nous emmène au cœur de l’Afrique et pour moi qui a surtout été bercé enfant de littérature et de cultures américaine, nippone et européenne, le contraste flagrant entre nos univers est saisissant. J’ai découvert cette ambiance, ces coutumes et ces croyances à travers les yeux de Shouna et l’imaginaire d’Amélie, et je vous invite au dépaysement avec ce petit roi qui dont le parcours initiatique vous promet de belles surprises.

On ne sait jamais qu’un livre va nous prendre par la main avant de l’avoir lu…

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