L’aube de la vie est un moment important pour tout être. Découvrir une famille, une fratrie est laborieuse et épique pour toute âme. Alors, que dire du crépuscule d’une vie ! Quand assis à l’ombres d’un arbre ou sur une chaise enchâssée sur un balcon, étendu dans un lit abhorré, les pensées s’envolent et retracent une vie, riche en rencontres et pauvre en émotions. Une vie pauvre en relation fraternelle. Toujours le dernier sur ce coup-là. Aider quelqu’un dans le besoin est une seconde nature. Par contre, quelle épaule pour vous en cas de besoin. Juste une absence. Une transparence qui s’est installée au fil du temps. Une indifférence dévastatrice. Ignorée. Des réflexions à la troisième personne fustigeant l’absent, en sa présence
Alors regarder un destin sans fards. Poser des questions aux sourds. Des blessures salies. Ah les mots, si libérateurs. Si assassins. Écrasant toute velléité d’explications, de paroles. Souffrance muette. Hurlements sourds. Douleurs insultées. Foulées au pied. Demande ignorée. Ridiculisée. Écrasée de mépris… Et le doigt accusateur !! Ce doigt qui pointe cette inexistence vivante. Ce rebut de la nature qui n’a pas de nom. Pas de visage. Pas d’âme. Pas d’existence….
Des cris dans le désert. Face à une foule qui se meut annihilant les cris sous le sable du désert humain. Ces cris… Ces hurlements. Ces sanglots. Ces douleurs. Si présents. Si bruyants. Si étouffés dans ce monde annihilateur, juge de tous gestes. Sans velléité de compréhension.
Douleurs des gestes hachés. Douleur de l’âme fragmenté. Douleur de l’humain face au désert de l’indifférence. Ô toi qui passe ! Juste pour un temps. Pour une seconde. Pour un temps de ton temps. Arrête-toi. Écoute. Écoute…. Ce n’est pas le vent. Non, c’est un humain. Juste là. Devant toi. Décille tes yeux et regarde. Regarde cette forme qui s’éveille et s’éclot sous ton regard. Insuffle la vie à la transparence. A l’humain annihilé par le mépris. Par le silence. Par l’indifférence.
Ô toi qui passe. Assainis ton cœur et comprend. Comprend la mort lente du non-regard. Comprend les jours orphelins de regards. De paroles. De prise de conscience. Comprend… Comprend ce lien rompu par le temps, l’indifférence, l’insulte, les préjugés. Écoute…. Écoute. Ce mal qui ronge. Ce mal qui tue à petit feu. Ce mal qui dissipe la présence et embrasse l’oubli. Ce mal qui assèche tout sentiment d’empathie. Ce mal qui tue. Rongera t-il tout sur son passage ? Même la transparence ? Même l’empathie ?
Ô toi qui écoute. Entends-tu ce cri dans le désert ? Ce cri d’un humain envahi par la transparence et l’indifférence ? Ce cri qui hurle la vie ? Hurlements muets. Hurlements d’outre-tombe. Écoute la mort qui passe et annihile ce cri. Ce cri de vie. Une vie oubliée. Écrasée par la douleur. Écrasée par l’indifférence. Ô toi qui écoute ! Où es-tu ? Ne passe pas sans regarder. Ne pars pas sans regarder. Avec ton âme. Avec tes tripes. Et tu verras….
Tu verras la vie. Tu verras la force de la vie. Tu verras la résilience. Tu verras un humain à genoux. Tu verras ses larmes perlant à travers des sanglots enragés par l’indifférence. Des sanglots laissant suinter des larmes de sang d’une fin de vie. Des larmes qui annoncent l’outre-tombe. Des larmes….
Et puis, tu verras à travers la transparence la douleur de l’absent présent. L’absent indifférent. L’absent assassin de l’existence d’une vie. L’absent tueur d’empathie. Ô toi qui passe, regarde. Regarde…. Emplis tes yeux de la non existence. Emplis tes yeux de la transparence de l’être. Ô toi qui écoute ! Écoute l’écho du silence de l’être inexistant. De l’être annihilé. De l’être qui est, sans être. Écoute ces sanglots qui se mêlent aux eaux éphémères des oueds asséchés par ce vent rageur. Écoute ces cris mortellement silencieux. Ces cris qui portent le deuil d’une vie qui fut et ne sera plus. Ô toi, ô humain n’assassine pas une fois de plus une présence transparente. Une présence qui indiffère. Pas de pitié. Juste de l’humanité. Un regard qui dit « je te vois ». Une écoute qui dit « je t’entends ». Une voix qui dit « Tu es. Tu existes ». Un regard qui ôte la transparence.
Ô toi qui passe, ne médis pas. Les vies, les destins sont si différents. Ô humain, comprend. Ne juge pas. L’incompréhension est parfois signe d’intelligence. Parfois empathie. Parfois amour. Tout simplement.
Ô transparence qui annihile tout. Sors de ce désert de la vie. Trouve un endroit qui te fera fleurir. Ne reste pas pour assécher un cœur et faire fleurir le désir de non existence. Ne fait pas fleurir toute envie de disparition. Tout désir d’aller vers cette terre légère aux bras maternels grands ouverts et si accueillants. Cette terre qui donnera vie à l’absence. A la mort en effaçant toute transparence et ne laissant que le souvenir de ce qui fut et ne sera plus.
Ô toi qui écoute. Parle aux humains. Dis-leur que la transparence blesse. Que la transparence annihile tout. Que la transparence tue et laisse parler la terre mère si accueillante. Un jour le souvenir viendra. Bien trop tard. La transparence aura pris le dessus, enveloppant l’être affaibli par des années d’indifférence. La transparence en fera offrande à la terre mère. Sans compassion. Juste pour effacer ce qui fut et jamais ne sera.
Amélie Diack Antony le 16/05/2019