Mon rêve sur le cinéma sénégalais

Il y avait une éducations très stricte à la maison. Pas de boîtes de nuit. Pas de bals. Pas de visites intempestives. Il fallait demander la permission de sortir des mois avant aux parents, très souvent, en vain.  Alors, le seul plaisir qui restait était celui d’aller au cinéma. C’était cadré. Très cadré. Il fallait y aller en compagnie du petit frère qui n’en avait aucune envie. Alors, à la frontière de la Médina, l’argent était partagé équitablement et chacun partait de son côté.

C’était l’époque des films de Bollywood et de karaté avec Bruce Lee. Je me jurais d’écrire un roman sur les cinémas  de la ville.. Pas sur les films. Nooonn! Sur la salle et les spectateurs. Eh oui le spectacle était dans la salle. Pas côté fauteuil. Mais côté « geetu bey » (le parc à moutons), un peu plus bas, proche de la scène. Les places les moins chères en somme. Le film se déroulait dans la salle. Les spectateurs connaissaient par cœur les chants d’amour Bollywood ainsi que les acteurs. A « Geetu Bey » tout le monde chantait avec les acteurs, pleurait avec les actrices. Sans compter les réflexions « ne l’écoute pas, il te baratine« , « n’ouvre pas cette porte », l’assassin est derrière toi » « fuis, fuis », je te l’avais dit, mais tu ne m’as pas écouté. Bien fait pour toi ». 

Pour les films de karaté, tout le monde s’identifiait à Bruce Lee. Les spectateurs n’hésitaient pas à répéter les phases de leur idole et de l’applaudir à chaque fois qu’il faisait un geste. Cependant, le plus difficile était d’acquérir le billet pour entrer dans la salle.  C’était la foire d’empoigne. Il fallait porter un jean et un tee shirt et monter sur les barricades. Il fallait se battre avec les voyous qui rackettaient les gens avant de consentir à les laisser acheter leur billet. Finalement, aux cinémas Luxe et Malick Sy, gagner le respect de ces derniers à coup de prises de judo et de close combat: techniques militaires, avait été très facile. Les batailles étaient un accessoire. Finalement, il suffisait de nous présenter, sans faire la queue, et d’aller acheter les billets. Alors, promis, un jour, j’écrirai. Je raconterai le « geetu bey ».

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