Au fil des ans, se retourner, se souvenir. Sourire. Rire. Pleurer. Joie. Chagrin. Moments intenses. Moments de complicité. Fous rires. Cris. Disputes. Avec le temps, l’émotion est présente. Très intense.
Que de souvenirs ! Au bord du fleuve, la fameuse chasse aux caïmans avec les couteaux de cuisine des parents que nous n’osions aller chercher car tombés au milieu de ces reptiles qui lézardaient au soleil. Ils venaient de se nourrir. Finalement, après un am stram gram truqué, nous envoyions l’un de nous, à
tour de rôle. Le sourire aux lèvres, le trophée brandi au-dessus de la tête, nous revenions, inconscients de notre dangereuse bêtise.
Souvenirs ! Le vol des mangues et des goyaves dans les champs. Les courses poursuites récurrentes avec les agriculteurs. Cache-cache – plaisir. Cache-cache quotidien. Ces fruits volés vendus aux militaires du camp pour des sommes dérisoires qui faisaient notre bonheur. Nous étions milliardaires. Dans notre monde. A notre échelle égoïste. Les vilains tours joués aux gradés. Les pactes de sang. Amis à la vie et à la mort. Pour 
toujours. Inconscients de l’infinité du temps. Pour toujours, c’est ce soir, demain, au gré des disputes, des alliances et des mésalliances.
Ô souvenirs ! Batailles rangées entre ceux du camp militaire et ceux des villages environnants. Batailles au bord du fleuve. Les
perdants étaient couverts de boue, poursuivis jusque chez eux aux cris de « ouh les peureux ». Mensonges éhontés devant des parents en colère. «Non, nous ne sommes pas allés jouer au bord du fleuve. C’est même pas vrai, nous n’avons pas volé les mangues de ce monsieur. Le couteau de cuisine ? Il s’est retrouvé tout seul dans la vase. C’est pas nous. Non, non. »
Ô souvenirs ! Courir comme des fous juste pour le plaisir de se sentir libre. Hurler des gros mots, loin très, très loin des oreilles parentales. Enivrant. Jouissif. Ô souvenirs ! Ô richesses du passé qui nourrit le présent. Juste du bonheur
Amélie Diack
25/05/17
Amélie Diack Auteure 