Prisonniers noirs je dis bien prisonniers français, est-‐ce donc vrai que la France n’est plus la France ?
Est-‐ce donc vrai que l’ennemi lui a dérobé son visage ?
Est-‐ce vrai que la haine des banquiers a acheté ses bras d’acier?
Et votre sang n’a-‐t-‐il pas ablué la nation oublieuse de sa mission d’hier?
Dites, votre sang ne s’est-‐il mêlé au sang lustral de ses martyrs?
Vos funérailles seront-‐elles celles de la Vierge-‐Espérance?
Sang, sang ô sang noir de mes frères, vous tachez l’innocence de mes draps
Vous êtes la sueur où baigne mon angoisse, vous êtes la souffrance qui enroue ma voix
Wôi! Entendez ma voix aveugle, génies sourds-muets de la nuit.
Pluie de sang rouge sauterelles ! Et mon cœur crie à l’azur et à la merci.
Non vous n’êtes pas morts gratuits ô Morts! Ce sang n’est pas de l’eau tépide
Il arrose épais notre espoir, qui fleurira au crépuscule.
Il est notre soif notre faim d’honneur, ces grandes reines absolues
Non vous n’êtes pas morts gratuits.
Vous êtes les témoins de l’Afrique immortelle
Vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera demain
Dormez ô Morts!
Et que ma voix vous berce, ma voix de courroux que berce l’espoir.
Hosties noires