Le regard triste, je ferai un dernier tour sur moi-même. Un dernier adieu vibrant à ma vie et à mes souvenirs. Ce sera un jour où le soleil embrassera la terre. Un baiser brûlant dont les êtres ne se remettront pas. Les nuages seront d’un blanc éclatant, couleur de mon linceul. Autour de moi, rien. Ni personne. Je rejoindrai mon linceul vaporeux. M’y enroulant sept fois. A chaque tour, j’abandonnerai un peu plus de mon humanité. A chaque tour, mon âme se libèrera des contraintes terrestres. Le ciel sera mon nouveau domaine. Loin de la vie terrestre. Toute légère, je fermerai les yeux aux souffrances, aux absences, aux non-dits, aux doigts et aux bouches accusateurs. Je m’en irai. Sans un regard en arrière. Sans un regret.
Mon corps reposera quelque part sur terre. Dans l’indifférence générale. Dans combien de temps le découvriront-ils? Le découvriront-ils un jour? Mon absence se fera dans l’indifférence générale. Le silence sera mon premier linceul. Il étouffera mes larmes amères. Il posera un baume sur un corps en miettes. Des miettes qui auront chassé la joie de vivre et attiré les regrets et les reproches. Les dénis. Les doutes. La solitude fut mon compagnon de misère. Ce compagnon qui essuyait les larmes de douleur. Les cris et les hoquets de culpabilité. L’halali a sonné la déception et le désir de partir. Loin. Très loin. De tout. Des mots culpabilisateurs. D’une invalidité coupable. Des mots blessants. Alors, je partirai.
Ce sera un jour où les larmes seront amères. Un jour où les douleurs se feront armes contre la chair. Le jour où le corps dira stop. Un jour qui fera bon vivre car décisive pour le ras le bol. Je serai prête. Droite. Le tête haute. Les yeux fermés. Le sourire aux lèvres. Je ferai une prière. Par habitude. Je revêtirai mon plus beau parfum. Il me faut préparer ma rencontre avec l’Etre Suprême. Je dirai la profession de foi. J’y ajouterai quelques pater noster et ave Maria. Et le temps s’arrêtera. Les bras vers le ciel. Des larmes de joie sur les joues, j’offrirai mon âme à l’éternité. Plus de douleurs. De regards mesquins. De doigts accusateurs. De rancœur. De rancune. Plus que la sérénité. La joie. Juste un clin d’œil aux contingences terrestres. Puis les ténèbres. Puis la clarté. Au-dessus des nuages. Je partirai. Dans un silence et une indifférence fracassants. Vibrants. Un jour, je partirai. Et personne ne le saura. A part, le silence, le ciel et les nuages.
Amélie Le 27/09/2022